3 ans et 2000 femmes accueillies...
Bonjour !
Nous sommes heureux de vous annoncer que la Maison des Mamans de Boni vient de fêter ses 3 ans d'existence en passant le cap des 2000 femmes enceintes accueillies !
Parmi ces 2000 femmes, 62% sont venues pour accoucher, soit 1250 naissances, et 38% sont venues à la Maison des Mamans pour se reposer en cours de grossesse, généralement à l'occasion d'une consultation pré-natale.
Il n'y a eu aucun décès maternel, statistiquement nous pouvons estimer que ce sont 6 à 8 femmes qui ont vu leur vie épargnée.
Le "portrait moyen" de ces mamans est une jeune femme de 24 ans (mais 25% ont entre 15 et 17 ans) qui en est à sa 3ème grossesse, elle peut venir de hameau ou villages assez proches (moins de 5 km) mais aussi très éloignés (plus de 60 km). Depuis l'ouverture les femmes sont venues de 91 villages et hameaux différents, donc bien au-delà de la commune de Boni. Elle séjourne à la Maison des Mamans environ 1 semaine (3-4 jours avant et 3-4 jours après l'accouchement). Elle est généralement accompagnée de 2 femmes de sa famille.
Comme vous le savez, les femmes enceintes et leurs accompagnantes sont logées et nourries gratuitement, ce sont ainsi plus de 150 000 repas qui ont été servis depuis l'ouverture.
La Maison des Mamans fonctionne toujours avec 4 personnes salariées :
Aye qui est l'animatrice-accueillante, véritable plaque tournante de la Maison.
Ramata qui gère l'entretien de la Maison.
Hamidou qui est le gardien et transporte les femmes au CSCOM (lieu de l'accouchement) avec la moto-taxi.
Alabouri qui coordonne les achats et fait le lien avec Tisser la Santé.
Le coût moyen est de 15 euros par femme accueillie (incluant les repas pour les accompagnantes).
A ce jour, la Maison des Mamans de Boni reste un modèle unique au Mali mais il montre sa pertinence. Une grande fondation, la Fondation pour l'Energie dans le Monde (FONDEM) s'intéresse de très près à ce concept.
La FONDEM, qui s'appuie là sur l'expérience de Tisser la Santé, travaille à un modèle "réplicable" de Maison des Mamans associé à des activités génératrices de revenus : périmètre maraîcher, moulin à mil solaire, bornes, d'alimentation solaire, de recharges pour portables et batteries, etc. Ces activités pourraient participer à la pérennité financière de chaque Maison des Mamans. Pour concrétiser cette démarche enthousiasmante, 3 localités ont d'ores et déjà été choisies comme terrain d'expérimentation.
Tisser la Santé aurait souhaité également une implication des instances officielles du Mali (le Ministère de la Santé et la Direction Régionale de la Santé sont tenus au courant) pour pérenniser et multiplier un tel modèle, mais il faut bien dire que les conditions géopolitiques et économiques du Mali ne sont guères favorables… Nous nous réjouissons donc de l'intérêt que la FONDEM porte au concept de Maison des Mamans, et l'on peut espérer que si d'autres Maisons des Mamans voient le jour, elles deviennent partie intégrante du système de soins malien.
Un mot sur les problèmes d'insécurité au Mali. Boni et ses environs font partie actuellement des zones les plus instables du Mali. Les exactions de bandes armées sont fréquentes, terrorisant les populations, pratiquant des enlèvements ou des meurtres envers ceux qui sont soupçonnés de les dénoncer. En rétorsion, l'armée malienne effectue des perquisitions, parfois avec brutalité, pour trouver des responsables. L'insécurité est donc extrême. Les gens se délacent moins, les marchés sont moins bien approvisionnés donc les prix augmentent, accentuant la pauvreté. Jusqu'ici, le CSCOM (Centre de Santé Communautaire) et la Maison des Mamans n'ont pas été menacés. La Maison des Mamans qui offre un hébergement et des repas gratuits aux femmes enceintes et ses accompagnantes devient certainement un lieu de ressource d'autant plus important dans ces conditions.
Pour terminer, je ne peux que vous remercier pour tout ce que vous nous permettez de réaliser car, comme vous le savez, depuis 17 ans (et oui déjà !) nous ne fonctionnons que grâce à votre solidarité et votre générosité. Nous avons donc encore et toujours besoin de vous !
Très amicalement
Dr Pierre Lamache, pour le bureau de Tisser la Santé